Bonsoir,
Pour son premier enfant, on peut rester cinq jours à la maternité et à partir du second, il est possible de sortir à partir du troisième jour.
J’ai séjourné dans la chambre 215. Une belle chambre individuelle. On est arrivé vers 16h, je me suis installée (enfin, on m’a aidé) et Lapin a déjà eu plusieurs tétées. Pour ce qui est de ma santé, je vais surtout décrire avec une dose d’humour pour ne pas en traumatiser certaines.
JOUR 1:
Bien fatiguée, j’ai très soif et il fait chaud dans la chambre. Les sages-femmes défilent pour me faire des soins et m’aident à prendre une douche et à faire pipi. J’ai l’impression qu’on m’a collé des bouts de viande entre les cuisses tellement c’est gonflé. Me lever, m’assoir ou même éternuer est loin d’être agréable. Heureusement, j’ai de l’aide et même du Papa, pour le côté glamour, après un accouchement aux forceps, on reviendra! Pour celles qui ont déjà accouché, on me montre la technique de la bouteille d’eau froide sur le périnée pour faire pipi et j’ai une magnifique culotte en filet. La douleur est très supportable, on m’a donné du paracétamol et du Spasfon, j’en ai pris peu et j’ai gardé les plaquettes restantes. J’ai aussi le droit à plein de tests car je suis de Rhésus négatif et pour le dépistage de la toxo.
On me sert à boire et à manger. OUF! Je revis.
Premières visites et Lapin est déjà une star. On lui a fait plusieurs examens, sans compter la batterie de tests à cause du poids et de sa macrosomie (diabète, tests sanguins, d’autres dont j’ai oublié le nom). Lapin a été chamboulée dès son arrivée mais ne dit rien. Elle est très sage, elle est marquée par les forceps au visage et au crane…
Nous allons dormir. Vers 23h, une puéricultrice vient chercher Lapin pour la mettre en surveillance à la nurserie. Je suis un peu dans le Delaware, elle doit me la ramener vers 2h du matin pour la tétée. Je m’endors comme une masse mais je me réveille à 2h, un bébé pleure, je ne sais plus où je suis. La sage-femme de nuit vient pour contrôler ma tension et ma température. Pas de Lapin à l’horizon. Du coup, je stresse un peu. On me la ramène vers 6h en m’expliquant qu’elle a un germe car elle a trop bu de liquide amniotique et qu’elle a beaucoup vomis, c’est pour ça qu’ils l’ont pris en observation. Elle va mieux.
Elle va téter pendant 3h…
JOUR 2:
Une douche pendant que le Papa reste avec Lapin, un coup de BB Crème (inutile vu mon état de fatigue) et me voilà prête pour affronter la journée. Lapin tête et me fait très mal. Je suis en larmes, la descente d’hormones n’arrange rien. Je ne sais plus quoi faire pour nourrir ce gros bébé.
Les puéricultrices et sages-femmes m’épaulent et me soutiennent. Tout se brouille dans ma tête. J’ai tellement mal et elle pleure tellement que je décide d’arrêter l’allaitement. On m’apporte donc des biberons. Lapin est calée.
Je culpabilise à l’idée de ne pas arriver à la nourrir, je culpabilise déjà de ne pas avoir réussi à lui donner la vie sans forceps. Ma mère, génération biberon, me dit qu’il est impossible d’allaiter un bébé de 4kg, les copines me disent de persévérer. J’ai une telle pression.
Le soir, j’en parle avec une autre puéricultrice qui me rassure et me dit que rien n’est figé, que je peux attendre ma montée de lait, utiliser un tire-lait ou des protèges-mamelons en silicone.
JOUR 3:
Premier bain de Lapin. On lui enlève enfin le sang des cheveux, sa plaie se résorbe bien. Elle va bien, elle est un peu angoissée et demande beaucoup de contacts. Du coup, elle dort avec moi sur son coussin d’allaitement, elle est calée et évite de se réveiller en sursaut.
Je recommence à allaiter, la montée de lait facilite mais je suis dérangée par les visites et il est hors de question de sortir mon sein devant tout le monde. Les visites commencent d’ailleurs à me gonfler car j’ai juste envie de rester avec mon bébé, mais si j’en avais pas eu, je l’aurais mal vécu, la faute aux hormones.
L’oedème se résorbe. J’ai moins mal, enfin je suis moins gênée car j’ai pas tellement mal.
Lapin a le droit a de nouveaux tests: Mucoviscidose etc et un test de l’audition.
JOUR 4:
Reprise de l’allaitement et je complète avec des biberons. Ne sachant pas quelle quantité je peux lui donner, j’en parle à la puéricultrice qui me dit de lui donner dès qu’elle a faim car c’est un gros bébé! Résultat, elle passe de 20 ml à 90 très facilement.
Une copine me ramène des bouts de seins en silicone, je revis et je commence à apprécier l’allaitement.
La pédiatre m’écoute et me donne des conseils. Elle m’affirme que rien n’est figé et qu’il est possible de reprendre l’allaitement après un passage au biberon. Le principal est de nourrir Lapin. Elle me donne une ordonnance pour un tire-lait.
Le soir, j’apprends une très mauvaise nouvelle. Mon chat noir est mort ce matin d’un arrêt cardiaque, j’ai beaucoup de chagrin et j’en ai pleuré toute la nuit.
JOUR 5:
J’appréhende le retour à la maison, partagée entre la joie de rentrer avec Lapin et la peine de découvrir ma maison vide, sans mon chat pot-de-colle et miauleur.
Et pourtant, il faut rentrer! J’étais bien à la maternité.
A très vite,
E.